UNI-MODERNITÉ CONTRE PLURI-MODERNITÉS
Un
entretien de Jean-Claude Eloy
Présenté et commenté par Avaera et Makiko
*
Les
trois ouvrages discutés sont les publications suivantes,
toutes en langue française :
-
Célestin Deliège : "Cinquante ans de modernité
musicale : de Darmstadt à lIrcam" Contribution
historiographique à une musicologie critique. 1024 pages.
Editions Mardaga, Belgique, 2003.
-
Marie-Claire Mussat : "Trajectoires de la musique au XXe
siècle". 208 pages. Éditions Klincksieck,
Paris, 2002.
-
Jean-Noël von der Weid : "La musique du XXe siècle".
442 pages. Éditions Hachette Littératures, Paris,
2e édition revue et corrigée, 1997.
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Avaera
: Lan passé, après la sortie de louvrage
volumineux de Célestin Deliège "Cinquante
ans de modernité musicale: de Darmstadt à lIrcam"
(1), javais été intriguée par le contenu
de l un des paragraphes, joliment intitulé "Jean-Claude
Eloy: le rêve dune expansion culturelle de la poétique".
Cette thématique était dapparence positive.
Pour avoir des points de comparaisons, javais consulté
deux autres ouvrages, plus modestes dans leurs épaisseurs,
néanmoins substantiels et assez récents: lun
de Marie-Claire Mussat, "Trajectoires de la musique au
XXe siècle" (2); lautre de Jean-Noël von
der Weid, "La musique du XXe siècle" (3).
Dès
la première lecture, javais été étonnée
par la complète divergence qui sexprime (au sujet dEloy)
à travers le travail de ces trois musicologues : divergences
des points de vue, de linformation, des références,
et des sources.
Devant
la persistance de ces contradictions, il ma semblé
indispensable de clarifier certaines informations. Jai donc
fait établir un résumé des différents
propos, avant de poser quelques questions directement au compositeur.
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Makiko
: Selon Célestin Deliège (p. 301 - 302), Eloy se rattache
fortement à lécole de son maître Boulez
(sérialisme, post-sérialisme), en même temps
que dautres compositeurs français de la même
génération (Amy, Mefano).
Pour
Marie-Claire Mussat au contraire (p. 133 à 135), la ligne
directrice dEloy se situe clairement sous la thématique
"Orient-Occident": multiculturalisme, influences des musiques
non-occidentales (en compagnie de Takemitsu, Isang Yun, La Monte
Young, certaines uvres de Stockhausen).
Enfin,
pour Jean-Noël von der Weid (p. 238 et 257), Eloy trouve sa
place dans le chapitre des "musiques expérimentales"
(aux côtés de Cage, Carter, Crumb, Feldman, les minimalistes,
ainsi que Bussotti, Schnebel
).
Curieusement,
les pratiques électroacoustiques (intensément employées
par Eloy à partir des années 70) ne semblent pas tellement
mises en avant par ces trois auteurs, dont les points de vue sont
totalement différents.
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Avaera
: Jean-Claude Eloy, qui a raison? Comment faut-il situer les
uvres que vous avez produites?
Jean-Claude
Eloy : Les trois ont raison, mais partiellement. Ces trois orientations
sont plutôt comme des "sources-racines". Mais ces
étiquettes sont-elles indispensables? La difficulté
de classification que nous constatons est révélatrice
de létat dentrecroisement et de multiplicité
qui règne aujourdhui dans les domaines variés
et éclatés de la musique dite "contemporaine"
- que jaimerais pouvoir appeler dun autre nom. Car tout
ce qui se passe aujourdhui autour de nous est "contemporain"
et relève de notre vécu - même notre interprétation
du passé.
Contrairement
à la situation qui prédominait dans les années
50 et 60, il ny a plus aujourdhui une "école"
prédominante, ou plus exactement un "vecteur théorique
de pensée", amplement partagé par une communauté
internationale. Doù léclatement de la
croyance en un sens unidirectionnel de lhistoire. Il nexiste
plus de véritable "théorie musicale" de
référence, commune à tous, dans le cadre des
musiques modernes. Cette constatation montre létendue
des difficultés actuelles. Car cest la première
fois quune telle situation existe dans lhistoire des
musiques savantes dorigines occidentales. Je minterroge,
et serais tenté de dire aujourdhui que contrairement
aux idées reçues, le sérialisme (qui ambitionnait
à ses débuts dêtre "la" nouvelle
théorie commune de référence) ne sest
pas liquéfié en raison de son trop plein de théorie,
mais peut être au contraire à travers ses insuffisances
limitatives. Les difficultés à théoriser au-delà
de certaines limites sont nées en partie de la complexité
des nouveaux matériaux, engendrés par le développement
foudroyant des nouvelles technologies. Aujourdhui, une large
partie des musiques électroniques sest emparée
du terrain industriel massif; plaçant en porte-à-faux
la politique des "centres de recherches" à lancienne
mode. Ces difficultés sont nées également de
la rencontre avec dautres théories et pratiques musicales,
non-occidentales, qui relevaient, il y a encore cinquante ans, de
"lethnomusicologie", mais dont certaines (prenons
seulement lexemple des musiques classiques de lInde)
sont devenues mondialement populaires, et nont pas cessé
damplifier leurs audiences pendant un demi-siècle.
A
: Ces deux terrains (musique électroacoustique et musiques
dorigines non-occidentales) font partie des deux domaines
vers lesquels vous vous êtes engagé fortement à
partie des années 70, sans pour autant renier votre passé
de musicien classique, formé au Conservatoire de Paris, et
de compositeur "post-sériel", formé à
Darmstadt et Bâle, auprès de Boulez et de Stockhausen.
JCE
: Contrairement à quelques commentaires superficiels, je
nai jamais rien renié de ce que jai fait. Ne
voir que des ruptures, à travers les métamorphoses
successives du terrain daction, est une analyse sans aucun
fondement dont certains se servent pour oblitérer systématiquement
le problème du politique, du social, et des
moyens de travail du compositeur dans nos sociétés
en permanentes transformations.
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Makiko
: Dans le gros livre de Célestin Deliège, et dans
son texte sur Eloy, jai relevé des choses étonnantes.
Lauteur
commence par un récit très positif sur le travail
dEloy à ses débuts de carrière. Soit
quelques uvres des années 60, dirigées plusieurs
fois par Boulez et dautres grands chefs (Maderna, Bour, etc
;
"Etude III", "Equivalences"
). Il continue
à soutenir la cause de ce compositeur avec des uvres
du début des années 70, telles que "Faisceaux-Diffractions",
et surtout "Kâmakalâ", dont il souligne chaleureusement
la réussite: "
Kâmakalâ
restera probablement son uvre maîtresse et lune
des plus heureuses de la seconde moitié du siècle"
(p. 301). Il va même beaucoup plus loin car dans une note,
il commente: "Il est surprenant [...] de constater que la
littérature musicologique, principalement américaine,
fasse léconomie de cette uvre et même souvent
du nom de son auteur" (p. 302).
Puis
brusquement, il semble se détacher du parcours du compositeur:
"Après cette pièce grandiose" (Kâmakalâ)
"Eloy était en position doccuper une place
majeure dans la musique européenne; il semble lavoir
refusée". Il reproche alors à Eloy de sêtre
"rapproché de Stockhausen" (4), puis réfute
une uvre telle que Shânti, quil juge "excessivement
longue", et quil accuse dêtre "dans
le sillage de Hymnen, mais sans le degré de cohérence
de celle-ci" (p. 302).
Plus
généralement, il semble déçu de voir
Eloy sengager davantage dans lélectroacoustique,
et moins dans le domaine de lécriture. Puis il affirme:
"Depuis ce temps, les uvres de Jean-Claude Eloy ont été
rares". Il ajoute même ce curieux commentaire (qui
nest ni négatif, ni positif, mais qui est discutable):
"Très conscient de la réalité sociale,
des obstacles techniques, na-t-il pas trop réfléchi;
nest-il pas lun des vaincus par le grand désenchantement
du monde pressenti par Max Weber et douloureusement décrit
par Marcel Gauchet ?". Enfin, citant un entretien quEloy
avait donné en 1972 à François-Bernard Mâche
(rappelons que ce livre a été terminé en 2002
et publié en Belgique en 2003; soit plus de trente ans après
lentretien cité en référence!
),
il évoque le questionnement (la révolte ?) quEloy
semblait alors soulever contre la domination de la "note de
musique" en Occident, face au "son". En fait, Deliège
semble sinterroger avec sincérité au sujet dEloy,
mais hésite à le suivre, car sil reconnaît
que "...la notation, au sens propre, a fortement déterminé
la musique occidentale", il réaffirme que "
nous
lui devons une large part de la richesse de notre écriture
...". Pour conclure, Deliège reconnaît que
si cette écriture "... a pu favoriser la prolifération
des signes [...] il est non moins vraisemblable quil
soit périlleux de se dégager de tout ce qui sest
imposé à nous progressivement depuis des siècles:
on népouse pas une culture, on est engendré
par elle" (p. 302).
En
comparant le texte sur Eloy écrit par Célestin Deliège,
avec les deux autres livres déjà mentionnés,
jai eu la surprise de constater que les uvres dEloy
qui sont citées par ces différents auteurs ne sont
pas du tout les mêmes! Marie-Claire Mussat commente le travail
du compositeur à partir de "Shânti", sans
citer les étapes précédentes, et en allant
bien au-delà, jusquà "Anâhata",
"Erkos", en passant par "Gaku-no-Michi", "Yo-In",
etc
. Elle commence donc son commentaire exactement là
ou sarrête celui de Célestin Deliège!
On a presque limpression que ces deux auteurs parlent de deux
compositeurs différents, tant leurs références
sont complètement divergentes.
Pour
clarifier ces contradictions, jai fait un calcul rapide. Les
uvres citées par Deliège sont les premières
dEloy jouées en public dans les années 60, jusquà
son entrée dans lélectroacoustique, en 1972-73
: donc depuis "Etude III" jusquà "Shânti".
Cela représente environ 4h.45 de musique. Jai
passé sous silence les uvres de première jeunesse:
soit vingt-quatre numéros dopus dune durée
globale de 4h.15 environ.
À
partir de "Shânti", je vois que les uvres
qui suivent, mises bout à bout (de "Gaku-no-Michi"
jusquau cycle "Anâhata") représentent
environ 14h.40 de musique. Certaines de ces uvres sappuient
sur des situations sonores originales, construites autour de différents
solistes créatifs (solo-performers, musiciens traditionnels
dautres parties du monde): donc, des interprètes individuels,
indépendants - pas des ensembles institutionnels. Ces solistes
sont le plus souvent mêlés à une électroacoustique
abondante, réalisée dans de nombreux studios ou instituts
spécialisés et réputés dans le monde:
1 - NHK, Tokyo; 2 - Sonologie, Utrecht; 3 - Sweelinck Conservatorium,
Amsterdam; 4 INA/GRM, Paris; 5 - ART, Genève; 6 -
Technische Universität, Berlin; 7 - à nouveau le WDR
de Cologne (qui avait suscité la production de "Shânti"
en 1972-73, et soutiens ici, en 1990-91, la production de "Erkos"
dans son nouveau studio de Anno strasse). Il faut ajouter à
ces uvres le travail autour du cycle des "Libérations"
; inauguré en 1989 (avec "Butsumyôe", "Sappho
Hikètis"), qui représente encore 4h.20
de musique. Soit un total de 19 heures de musique, systématiquement
ignorées par les affirmations de Célestin Deliège
("
Depuis ce temps [Shânti, 1972], les uvres
de Jean-Claude Eloy ont été rares
").
Pour
un travail de musicologie, cette affirmation est déjà
troublante! Elle est dénoncée par les faits. La question
quil faut alors poser est: "Ces uvres (ultérieures
à "Shânti") ont-elles été à
ce point confidentielles pour quun musicologue établi
et influent tel que Célestin Deliège nen ait
pas été informé?". La réponse à
cette question est encore plus troublante. Car en étudiant
le catalogue des exécutions de ces uvres, jai
constaté quelles avaient été au contraire
présentées, jouées et rejouées (par
Eloy, et ses interprètes variés) dans les festivals
et lieux les plus réputés dune modernité
dont Célestin Deliège, justement, se proclame le défenseur!
Ces uvres ont été présentées souvent
davantage que les uvres antérieures auxquelles Deliège
se réfère exclusivement. Et leurs présentations
publiques sétendent à léchelle
internationale, le plus souvent pour des concerts monographiques
occupant des soirées complètes. Depuis le "Festival
dAutomne à Paris" (cinq fois, toujours pour des
concerts monographiques) jusquà la journée-marathon
du festival "Music Today" à Tokyo. Depuis le festival
de Donaueschingen ("Donaueschinger Musiktage", avec deux
concerts complets autour de "Anâhata" en 1990) jusquau
festival "Inventionen" de Berlin (deux fois), ou la série
"Musik der Zeit" à Cologne (deux fois). Depuis
le festival "Automne de Varsovie" (pour quatre concerts
complets avec la Radio-Polonaise) jusquau "Festival de
Hollande" à Amsterdam. Depuis le Théâtre
National du Japon à Tokyo jusquau festival "Présence"
de Radio-France à Paris. En passant par les festivals: "Almeida"
de Londres; "Sigma" de Bordeaux (trois fois); la "Biennale
de musique contemporaine" de Zagreb; les "38e Rugissants"
à Grenoble (deux fois); le "Pan-Music" festival
de Tokyo; "Musica", Strasbourg (deux fois); le festival
de Wallonie; les Goethe-Institut de Sao Paolo et Rio de Janeiro
au Brésil (avec le Museu de Arte et la Salle Cecilia Meireles);
le Museum of Contemporary Art de Chicago; la SMCQ à Montreal;
les "New Music Concerts" de Toronto, et dautres
lieux en Indonésie, à Hong-Kong, à Kyoto, Berkeley,
Yale, Austin, New-York, etc...
Cette
incohérence ne peut pas être le seul fruit de lignorance.
En conséquence: comment faut-il interpréter ces lacunes
considérables?
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A
: Je reprends la question: à quoi attribuez-vous ces incohérences?
JCE
: Deliège aurait mieux fait décrire un livre
intitulé: "Pierre Boulez; sa vie, son uvre, son
institution, son entourage". La clarification du projet aurait
été plus forte. Au lieu de cela, il essaie dimpliquer
quantités de noms qui nont rien à voir, directement,
avec le thème de ce livre. Mais il le fait sans aucun respect
pour leurs individualités. Que viennent faire les répétitifs
Américains dans un ouvrage intitulé "De Darmstadt
à lIrcam"? Que vient faire Takemitsu sous une
telle bannière, lui qui na jamais eu affaire dans sa
vie ni avec Darmstadt ni avec lIrcam? Takemitsu était
un ami de Xenakis, et aussi un ami personnel, ce qui mautorise
à témoigner. Il était en fait très critique
sur la politique française de centralisation institutionnelle.
Dans ce livre de Deliège, tout est exposé et pensé
en relation avec un centre du monde, qui sétend
de Darmstadt à lIrcam, en passant par Pierre Boulez.
Pas un instant il ne lui est venu à lesprit que ce
"centre de la galaxie musicale" pouvait (tout comme notre
galaxie réelle) révéler la présence
dun puissant "trou noir" (ce que les astrophysiciens
appellent "un attracteur"). Un trou noir qui attire et
absorbe toutes les énergies environnantes, et ne les laisse
plus séchapper. Cest dailleurs ce qui est
arrivé à toute une génération plus jeune
qui sest engouffrée dans linstitution par opportunisme
de carrière (et de toute façon, avaient-ils le choix?),
sans laisser sexprimer aucun recul critique.
A
: Je retrouve ici lidée que vous aviez déjà
essayée desquisser dans votre court texte de 1965 intitulé
"Héritage et Vigilance" qui, à lépoque,
avait retenu lattention de quelques journalistes Français,
dont Maurice Fleuret. Mais pensez-vous que Deliège (dont
louvrage est impressionnant vous le reconnaissez vous-mêmes)
soit un observateur impartial? Une courte biographie publiée
au dos de ce livre mentionne que lauteur a été
"
responsable de séminaires de DEA à Paris,
ENS et IRCAM, pendant près de dix ans
". Deliège
vous a-t-il contacté avant la publication de son ouvrage?
Vous a-t-il demandé des informations plus récentes
sur votre vie et votre travail - comme le font la majorité
des musicologues, chercheurs, journalistes, avant de publier leurs
textes?
JCE
: Evidemment non. Le résumé qui précède
est éloquent. Mais je nen fais pas une affaire personnelle.
Comme vous le dites, certains aspects de ce livre sont excellents.
La pensée de Boulez y est très sérieusement
abordée. Son uvre musicale est fort bien analysée,
dans lesprit et suivant les critères que nous avons
nous mêmes assimilé, au début des années
60, au cours de composition de Boulez, à l Académie
de Musique de Bâle - à lépoque ou il publiait
"Penser la musique aujourdhui". Jai toujours
considéré cette période de ma jeunesse comme
incontestable. Il ne mest jamais apparu nécessaire
de la remettre en cause, sauf de sentir la nécessité
de la dépasser pour ne pas sy enfermer. Or, le problème
de Célestin Deliège est quil sy est enfermé
à double tour depuis un demi-siècle.
A
: Pratiquement pour Deliège votre travail musical se serait
arrêté en 1977, puisque à partir de "Fluctuante-Immuable"
(Orchestre de Paris, 1977) il ne cite plus rien de vous. Comme par
hasard, je constate que cest exactement lannée
de votre confrontation publique et inévitable avec ce qui
était alors le "nouvel entourage institutionnel"
de votre ancien maître Boulez (les débuts de lIrcam-EIC).
Coïncidence? De plus, je constate que face à ces publications,
le "modèle social français" (généralisons
même jusquau "modèle francophone")
ne vous offre aucun droit de réponse, aucun accès
vers une alternative de linformation. Absolument rien.
JCE
: Le système à été de plus en plus muselé.
Par exemple, pendant trente ans de ma vie (et plus largement pendant
les années 70 et 80), je suis intervenu fréquemment
sur les antennes de Radio-France: FranceCulture notamment,
ou jai même produit ou co-produit des émissions.
Quand il y avait des problèmes brûlants, les journalistes
venaient nous trouver. Tout cela à été progressivement
censuré, éliminé, bloqué, à partir
de 1992, et de plus en plus à partir de la fin des années
90 et au début des années 2000. Ces stratégies
ont été volontaires et relèvent de la manipulation
idéologique et politique, organisée en permanence
autour de lInstitution musicale, avec un grand "I".
La musique est devenue le moins libre de tous les arts.
Mais
ce qui me frappe ici, et sera le résumé de ce premier
commentaire, cest de voir de quelle manière certains
auteurs sattribuent à eux-mêmes la mission dinformer
les autres, dêtre des penseurs influents, déclairer
une profession, alors quils refusent le devoir élémentaire
de sinformer eux-mêmes!
A
: Avez-vous connu personnellement Deliège?
JCE
: Evidemment. Je lai rencontré assez souvent pendant
la période de ma jeunesse durant laquelle jai été
présent, comme élève direct de Boulez, dans
les endroits emblématiques de cette époque ("Domaine
Musical" à Paris, "Reconnaissance des Musiques
Modernes" à Bruxelles, cours dété
de Darmstadt, etc
).
A
: Vous venez dévoquer lidée que le
sérialisme nétait pas assez complexe du point
de vue de la "théorie" - alors quon lui a
toujours reproché le contraire. Cest un paradoxe, non?
JCE
: En apparence, oui. Mais détrompez-vous. Et dailleurs
Deliège lui-même convient de cela à plusieurs
reprises, et dune façon très correcte. Lapplication
des principes sériels à été parfois
très complexe et hyper-virtuose de la part de certains compositeurs
importants et incontournables. Mais le fondement théorique
est souvent resté assez simple. Très souvent, le compositeur
à été obligé de compenser ce manque
en sinventant lui-même des règles supplémentaires
ou différentes. Il faut prendre conscience de la quantité
de nouveaux facteurs culturels, sociaux, technologiques, qui sont
intervenus de plus en plus rapidement sur lévolution
de la musique pendant toute la seconde moitié du XXe siècle.
Une telle nouveauté de phénomènes sonores et
culturels ne pouvait pas être légiférée
par une théorie issue, pour lessentiel, dune
forme de "sublimation-dépassement" du passé
le plus sophistiqué de la musique savante occidentale. Doù
la remarquable ouverture de lévolution de Stockhausen,
critiquée depuis des années par les plus dogmatiques
de lacadémie "davant-garde".
*
A
: Dans le texte qui vous est aimablement consacré par
Célestin Deliège, je repère la phrase conclusive;
"
on népouse pas une culture, on est engendré
par elle". Quel est votre commentaire?
JCE
: Proclamer ce genre de chose, de cette manière sentencieuse,
est pour moi lexemple même de laffirmation trop
courte et incomplète, qui confine à laveuglement.
Cest une conception très conservatrice de la culture.
À une époque de communication intensive et accélérée
comme la nôtre, vouloir limiter les mécanismes de "lengendrement
culturel" au seul héritage transmis par le moment historique
de la naissance, et le lieu géographique de cette naissance,
est trop étroit.
Nous
vivons une époque qui brise deux tabous.
1)
Le premier tabou est celui de lhéritage culturel limité
au seul "lieu historique"; moment historique immédiat,
unilatéral, unidirectionnel. Au contraire de cette logique,
notre époque, plus quaucune autre, place devant nos
yeux et nos oreilles un patrimoine de plus en plus large issu de
toutes les époques de lhistoire. Elle fait de nous
les témoins vivants du passé de lhumanité
(comme de son actualité, simultanément) - notamment
par le développement dune interactivité muséographique
et vidéographique de plus en plus intense.
2)
Le deuxième tabou est celui de lhéritage culturel
limité au seul lieu géographique de la naissance;
exclusif, harmonieux, équilibré, encerclé de
frontières. Bien sûr, pendant toute ma jeunesse, jai
étudié lécriture occidentale: lharmonie,
le contrepoint, la fugue. Jai joué au piano tous les
auteurs: classiques, romantiques, modernes. Jai absorbé
toutes ces nourritures, avec passion! Mais très tôt
dans ma jeunesse, je me suis passionné aussi, et tout
autant, pour toutes les musiques du monde. Jai découvert
les musiques de Bali en allant avec mes parents, vers lâge
de 14 ans, à un spectacle du Palais de Chaillot. Jai
fréquenté à Paris le Centre dEtudes des
Musiques Orientales vers lâge de 19 ans. Des quantités
de disques de toutes les grandes musiques classiques du monde se
sont accumulées autour de moi et ont accompagné toute
ma vie détudiant. Elles sont devenues parties intégrantes
de mes nourritures culturelles, au même titre que les musiques
classiques, romantiques, polytonales, dodécaphoniques, polymodales,
ou sérielles de lOccident.
Si
notre ami Célestin Deliège a été "engendré"
exclusivement par une culture qui sétend de Bach à
Boulez: cela me convient parfaitement. Je le revendique tout autant
que lui!
Mais il devrait comprendre, en homme de culture,
que cet exclusivisme nest plus obligatoire de nos jours. Que
dautres modes "dengendrements culturels" sont
possibles. Et que lart, la culture, ont cette potentialité
de pouvoir susciter des paternités entrecroisées,
variables, transversales, multiples, renouvelées, et parfois
même "a-historiques" - au sens dun mouvement
pluridimensionnel de lhistoire, et non pas du seul mouvement
unidirectionnel auquel il se réfère et qui sous-tend
lensemble de son point de vue.
"Lengendrement
culturel" à travers la multiculture, géographiquement
et historiquement, est une des données modernes incontournables.
On retrouve ici certains modèles et archétypes qui
sexpriment dans les domaines du philosophique, du politique,
des arts, etc. Lidéologie utopique dun progressisme
révolutionnaire unidirectionnel, dessence uniquement
européenne (que jai partagé avec beaucoup dautres)
se heurte aujourdhui à des facteurs de complexité
historique bien plus vastes et subtils. La "mondialisation"
existe aussi dans la culture. Et la suprématie des musiques
savantes de lOuest-Européen (ce complexe de supériorité
irritant) devra un jour ou lautre être questionné,
par la force des choses.
Je
me souviens dune conversation, il y a des années, avec
lethnomusicologue Mireille Helffer. Elle mavait expliqué
que pour élargir léducation des enfants, elle
leur faisait écouter chaque jour, depuis le plus jeune âge,
des musiques du monde entier. Elle mavait dit: "Pour
eux, ces musiques sont devenues aussi naturelles que les musiques
que lon entend tous les jours sur la radio".
Je
remarque par ailleurs que ce préjugé persistant (il
faut être "né" dans une culture pour pouvoir
la vivre et la comprendre - ce qui est un préjugé
carrément raciste) sexprime essentiellement dans les
cercles européens de la musique. Et je précise
: dans les cercles européens de la musique " savante
". Car dans les musiques populaires, le Jazz le plus créatif,
et bien dautres terrains utilisant les arts numériques,
on nen est plus là depuis longtemps !
Je
nai jamais entendu cette idée aux Etats-Unis. Je lai
rarement entendue en Asie. En effet, laffirmation dune
telle idée en Asie condamnerait immédiatement à
lobsolescence la quantité de musiciens asiatiques ayant
reçus leur éducation exclusivement à travers
la musique occidentale! Que fait Célestin Deliège
de tous ces musiciens et étudiants asiatiques qui ont été
convertis par lOccident à la religion de la musique
Occidentale et qui affluent à Paris, à Berlin, à
New York ou San Francisco, dans les conservatoires, universités,
et écoles de musique? Va-t-il leur dire: "Vous nêtes
pas nés dans la musique occidentale, en conséquence,
vous navez aucune chance de pouvoir la comprendre en profondeur.
Vous ne pouvez pas épouser notre culture: vous devez être
engendré par elle". Ce point de vue est ridicule et
indéfendable à notre époque.
*
A
: En dehors de ce qui vous concerne directement, avez-vous dautres
commentaires sur ce livre, dun point de vue plus général?
JCE
: Mon troisième commentaire revient sur le titre choisi par
Célestin Deliège pour son ouvrage: "cinquante
ans de modernité musicale". Je mets en doute lexistence
dune seule modernité musicale, au singulier.
Il
aggrave les choses par ces deux références institutionnelles
directes: "De Darmstadt à lIrcam" (ce qui
semble impliquer une relation de continuité et dépanouissement
de lun vers lautre). Laisser croire que lesprit
de Darmstadt se serait perpétué dans celui dune
institution permanente comme lIrcam est une affirmation contestable
et sans fondement.
De
plus, observer lhistoire à travers le seul filtre des
institutions-pilotes me semble ramener la situation de lartiste
à un état de dépendance et de perte
de son individualité (quil ne faut pas confondre
avec lindividualisme) que je considère comme une atteinte
très grave à sa liberté. Cest
une vue très académique, qui ne voit de salut social
possible pour lartiste quà travers des positions
pompeusement baptisées "fonctions de recherches".
Jai
vécu Darmstadt, comme jeune étudiant, dans mon adolescence.
Je peux vous assurer que lesprit qui y régnait navait
rien à voir avec les contraintes institutionnelles et académiques,
qui ont tendances à vouloir simposer aujourdhui
un peu partout dans le monde. Cétait même aux
antipodes. Lesprit de Darmstadt naboutit pas forcément
à des institutions du type de lIrcam. Il ny a
pas denchaînement automatique de lun à
lautre, par lapplication de quelques schémas
empruntés à un marxisme formel vidé de substance.
Les "lois de lhistoire", une fois de plus, se montrent
plus insoumises et plus malignes que les exposés de nos doctes
apologues de la "pensée unique".
Si
lIrcam avait été la continuité de Darmstadt,
alors Stockhausen y aurait exercé activement un rôle
et non pas simplement comme invité de passage. Xenakis
aurait participé activement à son développement,
au lieu dêtre conduit à protester publiquement
à mes côtés, en 1981, contre lhégémonie
de cette institution - hégémonie programmée
longtemps à lavance par son fondateur. Bério
naurait pas quitté si rapidement linstitution
pour aller fonder son propre centre de travail à Florence;
etc
A
: Mais Stockhausen avait refusé dy entrer.
JCE
: Je sais. Il me la confirmé lui-même plus tard.
Mais si la structure avait été conçue autrement,
et dune façon plus ouvertement artistique, il
aurait probablement participé plus efficacement. Au début
des années 60, à Darmstadt, et pendant mes études
à Bâle, jai été témoins
de nombreuses luttes intestines, souvent très soutenues.
Parfois, Boulez se voyait accusé de chercher à freiner
le mouvement. Mais malgré les polémiques et confrontations,
tous ces hommes arrivaient à sexprimer les uns et les
autres à lintérieur du même cadre, avec
leurs divergences grandissantes, mais sans pour autant faire craquer
le cadre.
A
: Et Xenakis ?
JCE
: Relisez son article de 1981 (5). Lorsquen 1977, depuis Tokyo,
je m'étais heurté à lentourage de Boulez
(Nicholas Snowman particulièrement), qui jouait un jeu de
tricherie et de manipulation absolument inacceptable,
et que les choses avaient rapidement dégénéré,
Xenakis mavait appelé quelque temps plus tard pour
me dire quil navait pas été étonné
de ces conflits: "Ces gens-là font exprès
de te placer en porte-à-faux" mavait-il dit.
Ce quils nont jamais cessé de faire par la suite.
Ce
que Célestin Deliège passe totalement sous silence
dans son livre est laspect politique de linstitution,
par rapport au monde des musiques modernes. Il défend une
cause qui, dès lorigine, sest trouvée
engagée par la volonté dun homme et de son entourage
vers le but de confisquer le futur, et les moyens
du futur
- ou ce qui pouvait être considéré
comme tel à lépoque.
*
A
: Que commentez-vous des deux autres livres que nous avons choisis
comme comparatifs?
JCE
: Le livre plus modeste de Marie-Claire Mussat a la sagesse de se
référer, par son titre, à des "trajectoires"
au pluriel. Ce qui implique cette multiplicité incontournable
de notre époque. Cest le cas également du livre
de Jean-Noël von der Weid, fondé lui aussi sur lidée
dun pluralisme vivant et entremêlé. Dès
le départ, cela crée une énorme différence
dans les orientations de ces trois livres, au-delà de leurs
différences de poids et volumes!
Par
ailleurs, jobserve que les trois affiliations dont je me vois
honoré et qui me sont attribuées (on pourrait presque
dire: les trois "paradigmes") révèlent chez
leurs auteurs certaines orientations "géographiques"
de leurs regards. Dans la première affiliation (Deliège),
ce sont les références Françaises (Paris, le
"Domaine Musical", Boulez, etc.) qui forment les données
auxquelles il massimile exclusivement. Dans la deuxième
affiliation (Mussat), les références Asiatiques quelle
mattribue ("Orient-Occident") sont majoritaires.
Dans la troisième affiliation (von der Weid), les références
Américaines auxquelles il massocie (transversalement,
très indirectement) semblent plus nombreuses. Jai vécu
en France. Jai vécu au Japon et enseigné parfois
en Asie. Jai enseigné et vécu aux Etats-Unis.
Cest correct.
A
: Cest à la fois partiellement correct et complètement
contradictoire. Doù les difficultés à
vous comprendre dans un monde musical encore très cloisonné,
qui pratique le jeu des étiquettes. Parlez-nous de la classification
dans laquelle Marie-Claire Mussat vous situe: cette influence de
lOrient sur les musiques occidentales, qui est interessante
comme idée et comme débat.
JCE
: Cest un repérage possible, que jai moi-même
ouvertement revendiqué à plusieurs périodes,
mais qui doit être fortement relativisé. Javais
mis en avant cette thématique "Orient-Occident"
à une époque où personne nen parlait
dans le champ dactivité de la musique contemporaine
(sauf Messiaen et Stockhausen, mais dans des directions qui étaient
à chacun très particulières). Cétait
en 1971, au festival des SMIP de Paris, dans une conférence
intitulée: "lOrient et nous: chances dune
conjoncture", qui accompagnait la création de mon uvre
"Kâmakalâ". Jai également écrit
et publié divers textes et études sur ce sujet (6).
Mais aujourdhui, cette thématique mapparaît
un peu réductrice.
En
1982, alors que je faisais une série de conférences
dans les universités de Taipei, jai le souvenir dune
intervention fort intéressante dun jeune étudiant
Chinois. Cet étudiant sétait levé et
mavait dit: "Vous devriez abandonner cette terminologie,
en forme de dialectique contraire, entre lOrient et lOccident.
Ici, on ne pense plus du tout de cette manière. Nous vivons
au quotidien nos deux cultures, Occidentale et Chinoise. Elles se
mêlent à un tel degré que nous ne pouvons plus
vraiment tracer une frontière claire entre les deux. Alors
nous vivons ces deux qui ne font plus quun".
*
A
: Pour terminer, quelques mots sur le livre de Jean-Noël
von der Weid (3). Dans ce livre, lauteur vous place dans le
chapitre consacré aux musiques expérimentales. Cest
assez étrange. Nêtes-vous pas étonné?
JCE
: La musique expérimentale nest pas forcément
tournée vers linvention dune machine, dune
"expérience technologique", ou dun comportement
outrancier dans une direction précise, comme celle du hasard.
Explorer la voix dune femme solo-performer complètement
"hors normes" (comme je lai fait, par exemple, dans
"Sappho Hikètis", pour la voix de Fatima Miranda),
et parvenir à composer pour elle quelque chose de cohérent,
peut-être considéré comme une forme de démarche
"expérimentale". Être reconnu au Japon (7)
comme étant le premier compositeur qui ait tenté de
"composer" quelque chose doriginal pour des moines-chanteurs
Bouddhistes traditionnels des sectes Tendai et Shingon (une composition
à apprendre et à chanter avec leurs propres techniques
vocales), est aussi une voie de "lexpérience"
musicale. Je lai fait dans "A lapproche du Feu
Méditant", comme dans "Anâhata". "Lexpérimental"
peut aussi être tourné vers lesthétique
et nest pas obligatoirement technologique. Quant à
lélectroacoustique, je lai tout de même
poussée très loin à certains moments de ma
vie. "Gaku-no-Michi" le prouve, même si laspect
"expérimental" est moins technique questhétique,
et tourné vers la durée. Lemploi du studio électronique
nétait pas, à cette époque, quelque chose
de si banal et courant, surtout poussé jusquà
de tels extrêmes!
Personnellement,
je pense que Jean-Noël von der Weid a fait un rapprochement
(peut être subconscient) entre le mot "expérimental"
et le mot "exploratoire", ce qui nest pas exactement
la même chose. Mon trajet relève plutôt de cette
deuxième nuance. "Explorer" des terres qui ne sont
pas familières est un peu différent (bien que parallèle
par certains côtés) du projet consistant à "se
livrer à une expérience"; ce dernier langage
relevant davantage de lapproche scientifique.
A
: Jai sous les yeux la copie dun article plus développé
et substantiel, que Jean-Noël von der Weid vous avait consacré
en 1996 dans le magazine Suisse "Dissonance" (8). Je lis
au début de larticle: "À l'affiche
de la huitième édition du Festival des 38e Rugissants
de Grenoble, le compositeur français Jean-Claude Eloy, créateur
de mondes sonores aussi subtils et insaisissables qu'empoignants
et telluriques. On le connaît mal - ou de façon lacunaire
ou déformée; comme si l'on avait organisé son
isolement musical". Cela nous renvoie à Célestin
Deliège, non?
JCE
: No comment.
A
: À la fin de ce même article, je lis encore: "Qu'attendent
donc les firmes discographiques pour enregistrer les uvres
d'un compositeur aussi important? À croire que les créateurs
originaux, indépendants, ne peuvent même plus, comme
le disait Varèse, refuser de mourir; mais qu'ils sont condamnés
à l'être". Cet appel a-t-il été
entendu?
JCE
: Jamais.
Tous
droits de reproduction interdits pour le monde entier.
All rights reserved world wide.
Avaera
/ Jean-Claude Eloy / "hors territoires" 2005.
__________________________________________________________________________
(1)
Célestin Deliège: "Cinquante ans de modernité
musicale: de Darmstadt à lIrcam" - Contribution
historiographique à une musicologie critique. 1024 pages.
Éditions Mardaga, Belgique, 2003. Publication en langue Française.
(2)
Marie-Claire Mussat: "Trajectoires de la musique au XXe
siècle". 208 pages. Éditions Klincksieck,
Paris, 2002. Publication en langue Française.
(3)
Jean-Noël von der Weid: "La musique du XXe siècle".
442 pages. Éditions Hachette Littératures, Paris,
2e édition revue et corrigée, 1997. Publication en
langue Française.
(4)
Pourtant, dans une note sur "Equivalences", rédigée
en 1964, Eloy attribue déjà à Stockhausen le
fait de lavoir encouragé en quelques jours de
cours à Bâle à se libérer de certaines
interdictions sérielles, notamment lemploi des "clusters
décomposés", très largement utilisés
dans lécriture d "Equivalences" -
une uvre louée par Deliège.
(5)
"Il faut que ça change!". Le Matin de Paris,
26 Janvier 1981.
(6)
"Musiques dOrient: notre univers familier".
(1968) Publié dans "La musique dans la vie"
(tome 2), OCORA (Office de Coopération Radiophonique), ORTF,
Paris 1969. "Pour en finir avec l'exotisme" (1982)
Publié dans "Temps Actuels": numéro
spécial consacré au Festival d'Automne à Paris
(1982). "L'autre versant des sons" (1995)
Publié dans "Internationale de l'imaginaire", nouvelle
série, numéro 4 ; "la musique et le monde",
Babel, Maison des cultures du monde, Paris 1995. "Une rencontre
nécessaire" (1996) - Publié dans le programme
du festival "Why Note", Dijon 2002; etc
(7)
Motegi Kiyoko - The Creation of Tradition at the National Theatre
of Japan: A Descriptive Documentation. (La création de la
tradition au Théâtre National du Japon: documentation
descriptive). Works commissioned by the National Theatre, Tokyo
(uvres commandées par le Théâtre National,
Tokyo). Contemporary Japanese Music (Musique Contemporaine Japonaise),
Volume 3. Edité par JAPAN ARTS COUNCIL. Theatre Research
Office, Research and Training Department, National Theatre. Publié
par Shunjüsha Publishing Company, 2-18-6 Soto-Kanda, Chiyoda-ku,
Tokyo 101-0021, JAPAN
(8)
Jean-Noël von der Weid: "La cosmogonie sonore de Jean-Claude
Eloy". "Dissonanz - Dissonance" - die neue schweizerische
musikzeitschrift / la nouvelle revue musicale suisse -; n° 51,
Février 1997.
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